WATER WORLD
"A l’occasion de la carte blanche qui lui est confiée par Montévidéo, Arthur Hoffner a imaginé une vaste installation immersive autour du spectacle de l’eau en mouvement.
Conçue comme un espace de négociation entre le solide, le liquide et le vaporeux, à la fois tableau animé et théâtre d’objets, cette pièce est une traversée contemplative de ce fluide vital.
Réminiscences de danaïdes oubliées au creux d’un tube métallique : WATER WORLD s’empare de nos antécédents mythologiques aquatiques ainsi que des jeux d’eaux et de lumière qui ont autant incarné la représentation du pouvoir que l’élaboration d’un espace collectif, d’un lieu commun où se retrouver devant la mise en scène d’une Nature enfin domestiquée."
Dans le cadre du dispositif "Carte Blanche aux artistes" de la Région Sud Provence Alpes Côte d'Azur.
Vernissage de l'exposition le 29 juin à 18h
Note conceptuelle
WATER WORLD
« L’eau est la matière fondamentale de la rêverie. »
"C’est en tout cas ce que défend Gaston Bachelard dans son ouvrage dédié à la question.
Si l’on ne saurait acquiescer aveuglément à cette assertion subjective, il est en revanche indéniable que l’eau est matière vitale. Notre monde est bâti sur des antécédents mythologiques aquatiques tout autant qu’il repose sur les contours politiques que nous dessinerons de ce fluide primordial.
Or je suis persuadé que toute création artistique est une tentative de relier l’humanité à la Nature, de tarauder la distance que nous avons instauré avec cet étrange quoique familier bazar que constitue la jungle de la vie, dont nous avons à tout prix cherché à nous affranchir en tant qu’espèce animale bien particulière.
Il nous a ainsi fallu en permanence mimer le vivant via la techné et le trompe l’oeil, représenter en l’esquissant un concret sacrément mouvant dont la complexité échappe à notre entendement.
Comment appréhender ce lien qui nous unit à la foisonnante altérité du monde, si ce n’est comme le dialogue entre suprématie de la technique et puissance de l’intangible ?
La domestication des fluides en est l’exemple le plus frappant. Nous avons jusqu’à présent émis l’hypothèse d’un univers maîtrisé au sein duquel la cascade est miniaturisée, au centre d’un pluriel arboricole devenu jardin « à la française ». Où l’ingénierie et l’art endossent le rôle de palliatif éventuel à notre porosité animale. Les grandes eaux Versaillaises s’inscrivant comme les prémices d’un Aquaboulevard dont les rhétoriques festives assument la continuité de la distanciation par la superficialité.
Fontaines, jeux d’eaux et de lumière ont autant incarné la représentation du pouvoir que l’élaboration d’un espace collectif, d’un lieu commun où se retrouver devant la mise en scène d’une Nature enfin domestiquée.
C’est de cette tentative de négociation entre artefact et matière, entre objet industriel et fluide naturel, entre maîtrise et laisser-aller du dépassement que j’ai imaginé Water World.
Ma proposition est celle du spectacle et de la contemplation. De la scénographie mystérieuse d’une eau qui s’écoule et s’évapore avant de se pétrifier dans le gel, dont les bruissements s’échappent pour disparaître afin de surgir d’un tuyau rutilant.
En somme, le plic-ploc du gazouillis de la goutte au creux du robinet chromé de nos danaïdes."
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"Arthur Hoffner se passionne depuis son enfance pour le travail de la matière, la ferronnerie d’abord, qu’il perfectionne auprès des Compagnons du devoirs, avant d’aborder les Arts Appliqués par la suite, pour finalement être diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle.
Travaillant autant avec des collectivités, des marques de renommées internationales, qu’avec des artisans et artistes, son parcours est jalonné de collaborations avec de nombreux corps de métier qui l’ont amené à créer des projets d’échelles et d’enjeux variés : objets usuels, performances, fontaines, céramiques ou scénographies.
Sa pratique se situe au point de jonction entre la sculpture, l’artisanat et le design, et met en scène le quotidien domestique à travers un jeu de détournements et de références teintées d’humour absurde. C’est ainsi qu’il cherche à déplacer le curseur du trivial en abordant les notions de préciosité, d’apparat, voire de superficialité. Télescopages et combinaisons de matières s’organisent au sein de sa pratique pour questionner les émotions esthétiques du banal.
Révélé en 2017 à l’occasion de la Design Parade à Hyères dont il remporte le prix du public avec un projet de fontaines d’intérieur, son travail a depuis intégré les collections de la Villa Noailles, du Musée National de la Céramique, du Musée National de Monaco, du Centre National des Arts Plastiques, et a reçu le soutien de la Fondation de France ainsi que des ateliers Médicis.
Il a notamment été lauréat du Fond Régional pour les Talents Émergents, du prix Révélations Arts Plastiques de l’ADAGP lors du 64 eme salon de Montrouge, et du prix Talents Contemporains de la Fondation François Schneider."
www.instagram.com/arthurhoffner
Dispositif "Carte Blanche aux artistes" de la Région Sud Provence Alpes Côte d'Azur.