Thibault Lac

Dans son livre Don Quixote (Which was a dream), Kathy Acker écrit le récit d'une femme partant en quête : celle-ci décide de devenir un chevalier afin de poursuivre "l'idée la plus folle à laquelle toute femme puisse penser. Celle d'aimer." Résonnant de ses multiples interprétations littéraires, KNIGHT-NIGHT se concentre autour de la mort / naissance du personnage. C'est l'instant clé où la fiction se termine : le protagoniste qui se rêvait chevalier meurt. Mais par sa mort, il se retire du réel et rejoint enfin entièrement la fiction - celle de l’imaginaire désiré, de l’utopie. Comme l'évoque Ibert, il est captif de cette dialectique, à la fois "fantôme dans la vie, et réel dans la mort".

En faisant écho à notre rapport quotidien aux réalités virtuelles, des fantômes de Don Quichotte se dessinent ainsi comme des points d'entrée pour questionner à la fois désir et espoir.

Ne pleure pas Sancho, ne pleure pas, mon bon.

Ton maître n'est pas mort.
Il n'est pas loin de toi.
Il vit dans une île heureuse

Où tout est pur et sans mensonges.
Dans l'île enfin trouvée où tu viendras un jour. 

Dans l'île désirée, O mon ami Sancho!
Les livres sont brûlés et font un tas de cendres. 

Si tous les livres m'ont tué
Il suffit d'un pour que je vie
Fantôme dans la vie, et réel dans la mort.
Tel est l'étrange sort du pauvre Don Quichotte.

Chanson de la mort de Don Quichotte, Jacques Ibert, 1933 

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