"Nous sommes trois créateurs nés à Cuba dans les années 90´, entre la chute du camp socialiste, l'arrivée de la période dite spéciale et au milieu de la crise du grand récit de la nation et de la révolution cubaine. Notre arrivée dans le monde a été marquée par le déficit, l'invention et la migration massive d'île. Aujourd'hui, nous faisons partie de la diaspora cubaine. Nous vivons dans différentes villes d'Europe (Marseille et Berlin). En 2020, nous avons décidé de créer le Collectivo Malasangre : un projet collaboratif à partir de la danse, de la performance et de pratiques étroitement liées au politique et au social.
Qué bolero o En tiempos de inseguridad nacional est une pièce qui, à partir de nos corps, explore les notions d'identité, de territoire et d'exil. Pensant la carte comme une question de performance, Qué bolero o En tiempos de inseguridad nacional déterritorialise les sensibilités migrantes, les démantèle, les altère et les modifie. "Dans l'intention d'explorer cette carte-corps-paysage, le Colectivo Malasangre se met à la recherche du corps cubain et le dévaste, le déchire"*.
*‘Qué bolero o En tiempos de inseguridad nacional’: Colectivo Malasangre investiga el cuerpo cubano (y lo devasta).
Interview réalisée par Edgar Ariel et apparue dans le site web Rialta Magazine.
LÁZARO BENíTEZ est performeur, chorégraphe, chercheur et critique de danse, Lázaro Benítez est installé depuis 2019 entre Paris et Marseille. Diplômé de l’Université des Arts de La Havane en études théoriques et recherche en danse, il dévoile sa première création en 2015 : Racines, construction personnelle de mon passé d’héros, suivi de Journal de campagne inédit en 2017, puis Je n’aime pas les talons en 2018. Cette dernière pièce fera l’objet d’une recréation en 2019 lors de la 12ème Biennale d’art contemporain de la Havane. En France, il participe en 2020 à la performance in situ Bain de minuit avec l’artiste John Deneuve et le Dj Olivier le Falher. Récemment diplômé d’un Master de Danse à l’Université de Paris 8, il travaille actuellement autour d’une cartographie de la danse contemporaine caribéenne.
Il est membre du groupe de recherche et création Descentrados (décentrés), composé d’artistes et de chercheurs latino-américains cultivant un regard décolonial sur la danse.
RICARDO SARMIENTO est auteur, metteur en scène et performeur. Formé en dramaturgie à l’Université des Arts de La Havane, il a collaboré avec le groupe de théâtre expérimental El Ciervo Encantado tout en développant ses recherches personnelles. Ses pratiques et ses intérêts sont intimement liés à l’identité migrante-dissidente, à la sexualité et à l’activisme. Ses pièces ont été diffusées en Europe et Outre-Atlantique. Vivant depuis 2019 à Berlin, il a travaillé en tant que dramaturge du Collectif Rimini Protokoll pour la pièce Granma. Trombones de la Havane. En 2020, il a obtenu l’un des plus hauts prix pour les jeunes dramaturges d’Amérique latine : le premier prix de la Fondation Casa de Teatro (République Dominicaine) pour son oeuvre Tu ne diras pas la vérité.
Actuellement, il écrit un roman pour lequel il a obtenu la bourse de la résidence Can Serrat (El Bruc, Barcelone).
En parallèle, il réalise un Master en Stratégies Spatiales à l’Université Weissensee Kunsthochschule à Berlin.
LUIS CARRICABURU est issu de la formation danse contemporaine de l’Université des Arts de La Havane, Luis Carricaburu se présente aujourd’hui comme danseur et créateur de performances de danse. Il a été interprète de la compagnie Danza Contemporànea de Cuba avec laquelle il s’est produit à l’international.
En 2018 il présente une série de performances, Trabajo Voluntario, explorant l’idéologie de Cuba communiste, ses figures, le rapport au travail et ses motivations idéologiques.
Ses performances sont généralement conçues pour des espaces publics et non traditionnels. Il vient d’obtenir le Master 2 de la Formation Avancée et Itinérante des Arts de la Rue et Espaces Publics (FAI-AR). Il s’intéresse à la danse et à la chorégraphie pour ce qu’elles permettent de créer dans le réel : un autre savoir que celui du discours et des images.
Il questionne alors la place du corps comme champ de bataille, instrument pour l’idéologie mais aussi lieu de libération.